Lettre d’Octavio Paz sur la traduction de Sor Juana Inès de la Cruz
Octavio Paz, 11 décembre 1982
Le 11 décembre 1982
Cher Roger :
Un grand merci pour ton intérêt pour mon livre sur Sor Juana. Rien ne me plairait davantage que de te confier sa publication en français. Tu sais que je t’estime beaucoup, non seulement comme poète et essayiste mais aussi comme traducteur. Malheureusement j’ai un engagement avec Gallimard. Il n’y a que si Gallimard ne s’intéresse plus au livre que je serais libre de le publier chez Fayard (1). Je ne crois pas cette éventualité possible : dès le début Claude s’est intéressé à mon livre. Je me permets de te faire une autre proposition : accepterais-tu de traduire le livre pour Gallimard ? Ce serait merveilleux. Il s’agit d’une œuvre ample : plus de 600 pages (par courrier à part je t’envoie un exemplaire).
Mon idée serait de publier simultanément une anthologie de Sor Juana qui comprenne une sélection des poèmes, incluant Primero Sueño, un auto sacramental et sa prose autobiographique*. Une œuvre qui requiert de l’intelligence, du souffle et du temps. Si tu pouvais te charger de mon livre et Claude Esteban de l’anthologie de Sor Juana… mais il s’agit presque d’un rêve…
Je t’embrasse fort, ton ami
Octavio
*Respuesta a Sor Filotea de la Cruz (2)
- Dans la collection « L’espace intérieur » dirigée par Roger Munier (NdT)
- Réponse à Sœur Philotée de la Croix Lettre de 1691, publiée à titre posthume, revendiquant le droit des femmes et leur accès à l’éducation.